Au fin fond du Laos…

Samedi 7 Février


Pour cette relâche, Pascale et son pote Florent, Fabien, et moi avons décidé de faire un trek dans la région. Ca fait maintenant 10 mois ½ que j’habite la région mais je ne connais pas grand-chose d’autre que les alentours de la route goudronnée.

Le départ se situe à tout juste 3 km de la route principale, au village de Ban Tathot. En fait, les conditions de vie changent dès qu’on s’éloigne de la route mais il faut passer du temps dans ces endroits pour bien s’en rendre compte.

Des le début, ça a commence par un pont plus que bancal, à moitié par terre, et dont les planches se lèvent d’une extrémité quand vous mettez le pied sur l’autre.Les enfants courent dessus pour le traverser, les adultes y font même passer leur motos, nous… on galère !
Il etait moins une...! Juste à cote de nous, les marmots sont en train de pêcher. Mais ça n’est pas pour jouer… Ici, il faut se débrouiller si on veut manger…
Les troupes ont le moral, et on commence le long sentier qui nous amènera au prochain village, à une douzaine de km.
De gauche à droite: Florent, Pascale, et Fabien.
Sur le chemin, on croise des petites dames laos toute timides qui vont à la ville ! Trop mignonne avec leur sac a dos en osier ! Elles mettent 4h pour rejoindre la route goudronnée (donc la civilisation et le moindre magasin).
Et puis c'est pas de tout repos: ça monte, ça descend...
...ça re-monte...
...ça re-descend,...
C’est super beau mais on n’est pas mécontent d’arriver au terme de notre première étape !
Première chose a faire quand on arrive : aller informer le chef du village de qui on est et ce qu’on fait là. Le coordinateur lao du Projet nous a tout arrangé et on a la lettre qui va bien, en anglais et traduite en lao (ça aide !). On était aussi censé avoir un guide mais il n’est pas venu au rdv. « Bo pen nyang ! », comme on dit ici. Ca veut dire « Pas de problème ! ». On l’a attendu une petite 1/2h avant de nous décider a partir et nous débrouiller seuls. On ne sait pas où on dort, on ne sais pas où on va (il n’existe pas encore de bonnes cartes du Laos et nous n’avons que le nom des villages par lesquels on va passer, sans avoir leur localisation géographique), mais ça ne nous inquiète pas du tout ! Au Laos, tout est « Bo pen nyang » !
Le chef du village n’est pas encore rentré. Du coup, on s’offre une séance de « White Watching ». Le concept : on s’assied dans le village, et tous les petits laos (et les grands aussi d’ailleurs) viennent regarder les 4 blancs que nous sommes !
Le chef de village ne tarde pas trop et nous accueille chez lui a bras ouverts ! On dormira chez lui. Pas de problème pour nous faire dîner non plus ! Tant mieux parce que pour 3,5j on a acheté 2 baguettes, 2 paquets de pain de mie, 4 boites de thon et 4 paquets de gâteaux ! On a tout mise sur l’hospitalité lao et on a bien fait.
Par contre, faut aimer le riz collant parce qu’ils ne mangent que ça ! On a une petite coupelle de sauce pour aller avec, mais c’est juste pour tremper très légèrement les boulettes de riz.

Un petit passage à la salle de bain pour se laver les dents !Puis on traînasse ensuite vaguement, à discuter avec nos hôtes, à regarder les femmes s’occuper du riz...A 21h, on est fin prêts pour aller se coucher ! Il faut dire que le soleil est déjà couché depuis 3h et qu’on a mangé aussi tôt que des poules ! Notre chambre est ouverte aux 4 vents mais on a tout ce qu’il faut pour s’emmitoufler !



Dimanche 8 Février

Il est a peine 6h qu’une main nous secoue et nous tire de notre sommeil (je dormais comme une pierre !). C’est Khamsai, le chef du prochain village que l’on doit traverser. On l’a rencontre hier soir et il rentre justement chez lui ce matin donc il va nous monter le chemin. On plie bagage, on prend un solide petit déj (juste du riz collant, mais si un jour vous goûtez, vous verrez que ça tient au ventre !) et on y va.
Khamsai a, comme tous les laos, le sourire aux lèvres ! Il a l’air ravit de nous escorter et nous pose beaucoup de questions « Vous avez ça en France ? », « Comment vous dites ça en français ? ». Nos rudiments de lao sont bien utiles !
On croise pas mal de couples. Le mari est souvent équipé d’une arbalète pour chasser (ça fait bizarre d’ailleurs, pour nous c’est un jouet de petit garçon…) et la femme d’un panier pour la récolte. Le paysage change beaucoup : ici il fait presque lunaire. C’est qu’en saison des pluies, l’eau inonde totalement cette plaine.
A l’approche du village de Khamsai, on voit de nouveau des enfants. Mais s’ils sortent, ce n’est pas pour jouer : ils pêchent et lavent leurs vêtements (dans la meme eau bien boueuse…).
Plus près du village, on ne trouve plus que des rizières (à sec en cette saison) dans un cirque grandiose.

Puis réapparaissent les enfants qui jouent…Et le White Watching !

Khamsai nous invite chez lui pour une courte pause.

Zoom sur la cuisine.
Khamsai nous montre les plantations de tabac et nous reprenons la route tout seul.
Là, on a le droit à un véritable debarquement d’abeilles. Je peux vous dire qu’on a deguerpi sans demander notre reste à l’essaim !

Rapidement, c’est la jungle ! Heureusement, Fabien a vécu quelques mois en Guyane et sait manier son coupe-coupe !La végétation est très dense et les feuilles sont géantes !
Pause pique nique bien méritée ! « Euh, pour moi ? Ce sera sandwich au thon ! » Il n’y a pas le choix mais c’est parfait !
Sieste et repos digestifs (c'est pas tout mais on se fait vieux !)
Un bonbon scoubidou qui nous rappelle notre enfance et ça repart !
L’arrivée au sommet nous offre un superbe panorama sur la vallée suivante. On aperçoit le village dans lequel on va passer la nuit.

On traverse les dernières rizières avant le villages alors que le soleil décline…
Et pour changer... White Watching !
Cette fois ils sont un sacré paquet à nous observer ! Faut dire que beaucoup d’enfants du village n’ont encore jamais vu de blanc !
La troupe ne nous lâche pas ! Ils nous regardent comme des bêtes de cirque pour le dîner (devinez ce qu’on mange ? du riz collant !).
On passe la soirée avec eux. C’est super sympa ! Un petit vieux sort une bouteille de lao lao (de l’alcool de riz fait maison) et Fabien sort un peu de rhum qu’il a amené !

Le petit vieux nous fait aussi essayer son "cigare"... Florent n'a pas l'air convaincu !
Le mélange des cultures est détonnant et le petit vieux, qui veut montrer qu’il n’est pas une mauviette en finissant tous les verres cul sec, termine la soirée en zigzagant !


Lundi 9 Février

Riz collant, et c’est repartit pour une journée. On décolle un peu tard (8h) et il fait déjà très chaud.
Le trajet d’aujourd’hui doit nous faire passer par une grotte, mais on a beau s’arrêter pour demander à tous les laos qu’on croise, aucun ne saurait nous y amener. Apparemment, c’est dans une des montagnes juste en face mais où ???
A force d’avancer à tâtons, on finit par se perdre dans la forêt… Pas cool… !
On ressort au point de départ 3h plus tard (heureusement que Fabien avait amené un GPS), il est 14h, c’est le caniar ! Au milieu des rizières à sec et sans ombre, on tire la langue !
Heureusement on n’atteint pas notre village étape trop tard.
Cette fois, l’ambiance n’a rien à voir avec les précédents villages. Les gens sourient moins, les enfants ne viennent pas nous voir (on se demande ou est ce qu’ils sont d’ailleurs), personne ne vient essayer de communiquer avec nous… Bizarre.
On patiente un peu avant que le chef du village arrive. Il nous met à l’aise en nous accueillant chez lui. On est un peu raide et en fait, c’est aussi parce qu’on est fatigue que la communication est difficile. On a plutôt envie d’une douche (on aura droit a la rivière avec les enfants qui nous regardent, donc obligation de se laver habilles…), et d’une sieste.
La femme de la maison prépare notre repas : ce sont des fond d’assiettes de sauce dans laquelle on trempera le riz collant. On en a un peu trop vu mais c’est ça ou rien !
Mardi 10 Février

Dernier jour.
Dernier petit déj au riz collant. Hourra ! Ce matin, j’ai pas la foi, je le mange nature, sans même tremper un micro poil dans leur sauce. Je sais pas trop ce qu’il y a dedans cette fois-ci (en général il y mettent des herbes, des poissons séchés et concasses avec les arrêtes, de la peau de poisson cru, des piments rouges,…) mais j’en veux plus !
Dur dur de partir. J’ai plein d’ampoules dont une vraiment impressionnante (je vous passe les détails mes même en danse avec les pointes, je n’en ai jamais eu d’aussi grosse, c’est dire !). Je remets mes chaussures de marche tant bien que mal…
Le soleil est encore bas quand on reprend la route (il n’est même pas 7h). On sait qu’on a encore une vingtaine de km à faire au moins et on voudrait les parcourir ce matin pour pouvoir manger un vrai repas a midi : il nous reste plus qu’1/2 sachet de pain de mie + 1 paquet de gâteaux, et ça part vite au vu de l’effort qu’on fait et vu le régime alimentaire hyper carence qu’on a dans ces villages…
Juste quelques photos du village dans lequel on a passé la nuit.
Typique ! Un tok-tok. C'est un moteur de tracteur auquel les laos (dans l’arrière pays) attachent souvent une carriole en bois, ce qui constitue le principal moyen de transport. Ca va moins vite qu’un vélo, mais ça fatigue pas !
L’essentiel du sentier se situe en bordure de foret. Ca ressemble d’ailleurs plus à de la jungle…
La fin du trek est rude. On est crevés, on a tous mal quelque part (les chochottes… je sais…).
On est bien content de voir la voiture NT2 qui vient nous chercher pour nous ramener à la RNT a 13h10. Parfait, on aura un vrai repas français et on passera l’après midi dans la piscine ! L’eau est vraiment bonne maintenant ! ;)
Une petite conclusion à ce trek quand même.
J’ai (re?)découvert le Laos ces derniers jours. Je n’imaginais même pas que ces gens-là (ceux des régions reculées du Laos) puissent/pouvaient/pourraient (rho mince… je sais pas…) vivre avec aussi peu.
J’ai été particulièrement choquée par leur nourriture. On m’a confirmé par la suite que ces laos sont extrêmement carencés. En plus de ça, le riz collant est apparemment très mauvais car il est hyper chargé en minéraux et ça provoque des calculs rénaux.
Malgré ça, les gens souriaient et ils ont partagé de bon cœur leur quotidien avec nous. Ils n’ont rien mais n’hésitent pas à donner. En fait, ils sont tellement isolés que je pense qu’ils ne se rendent pas compte combien ils sont pauvres.
Leur générosité et leur gentillesse paraissaient vraiment sincères. Ca fait d’autant plus réfléchir sur l’hospitalité que l’on peut rencontrer (ou pas), dans cet autre monde que nous connaissons : celui de la modernité, celui ou l’aspect matériel compte souvent plus que le relationnel, celui ou les hommes se déshumanisent (ou n’est ce que moi qui délire ?)…

2 commentaires:

Nico a dit…

Tu me fais rêver, comme à chaque fois que je passe lire ton blog !

J'adore ta manière d'appréhender et de découvrir ton environnement !

Et le boulot, ça marche ?

florence a dit…

Très interessant ta balade dans le Laos profond... L'ordinaire a l'air un peu juste... On a du mal a imaginer que des gens n'aient aucun choix pour leur alimentation de nos jours... Depuis les visites de Papi cetains peuples sont toujours aussi pauvrees. Je ne connnaissais pas le "white watching". Vous êtes une distraction pour eux..
Les paysages sont superbes bisous Florence