Je reviens de deux semaines au Myanmar (Birmanie), un pays qui, paradoxalement, est connu car on n’en connait pas grand-chose… En effet, ses frontières ont longtemps été fermées aux étrangers et le tourisme est toujours interdit dans la majeure partie du pays.
Pour vous mettre dans le bain
Tout d’abord, pourquoi ce nom ? A l’origine, cette colonie du Royaume-Uni s’appelait l’Union of Burma, ou Burma en plus court, d’où le français Birmanie. Le 18 juin 1989, le nom officiel en anglais a été changé en Myanmar, mais ce changement controversé n'est pas reconnu par l'opposition politique et plusieurs pays anglophones, ni par un voisin comme la Thaïlande.
En français, l’usage du not Birmanie reste majoritaire, et on utilise presque toujours les adjectifs dérivés de ce mot : birman, birmane. L'usage oral et écrit des adjectifs myanmarais et myanmaraise est rarissime. Le nom officiellement utilisé parl'Organisation des Nations Unies ou la Suisse est Myanmar, tandis que la France utilise le nom Birmanie.
Pour ma part j’ai décidé d’appeler ce pays le Myanmar. Pourquoi ? Parce que cela fait référence à la globalité des habitants du pays et non pas seulement au groupe ethnique birman qui certes est le plus important mais ne représente que 68 % de la population selon les chiffres officiels (et 40 % selon un Palaung – qui appartient donc a une ethnie minoritaire).
La junte, qui est birmane exclusivement, préfère officiellement (mais pas officieusement) Myanmar, qui ne marque aucune préférence pour un group ethnique et qui n’est pas lié à la période coloniale. Les groupes pro-démocratiques continuent eux de l’appeler la Birmanie car ils voient bien que ce n’est qu’un leurre.
Il me semble aussi important de poser en avant-propos la question « Faut il aller au Myanmar ? ».
Le boycott touristique, auquel a appelé la lauréate du prix Nobel de la paix Aug San Suu Kyi, a commencé en 1995. Au milieu des années 1990, les militaires (donc le gouvernement, puisque la junte est au pouvoir) préparèrent le pays en vue d’une campagne de promotion. « Visit Myanmar Year 1996 » (1996, année du tourisme au Myanmar) était censée redorer le blason du gouvernement et lui assurer des revenus. Le pouvoir eut alors recours au travail forcé (plus d’1 millions de myanmarais en auraient été victime) pour mettre en place des infrastructures touristiques. Des centaines de milliers d’habitants auraient été expulses de chez eux et envoyés dans des « villes-nouvelles » à des dizaines de kilomètres des centres-villes. En même temps, le gouvernement levait les restrictions sur les voyages : les visas de 24 heures et de 7 jours passèrent à 14 jours en 1990, puis à 28 jours en 1994. Cette campagne de promotion touristique suscita en retour un boycott. Le gouvernement fut alors contraint de réviser son objectif de 500 000 touristes. Le nombre prévu de 200 000 visiteurs ne fut même pas atteint.
Des activistes pro-boycott affirment que les dollars du tourisme alimentent directement la politique de répression. Il est certain qu’une partie des dépenses profite forcément à la junte militaire (les 20$ du visa, les 10$ de la taxe de départ, les taxes sur les services et les achats, …, et d’autres prélèvements que j’aurai l’occasion d’évoquer plus tard). La présence du touriste étranger peut donc être perçue comme une approbation du gouvernement birman.
Dans ce cas, quelles sont les raisons d’aller au Myanmar ? Le tourisme est l’une des rares activités qui offre aux gens ordinaires un revenu est une occasion de contact avec le monde extérieur. L’immense majorité des myanmarais souhaitent que l’on vienne leur raconter comment l’on vit, leur parler de ce qui se passe hors du Myanmar, car les informations dont ils disposent sont extrêmement filtrées par le gouvernement. Les défenseurs du tourisme disent aussi que les violations des droits de l’homme sont moins susceptibles de se produire dans les zones ou les visiteurs étrangers sont présents et que si les touristes cessaient de se rendre au Myanmar, le gouvernement pourrait renforcer sa politique de répression.
A vous de vous faire votre propre opinion. Pour ma part, je pense que je n’avais pas mesuré l’importance de ce débat avant d’y aller. C’est tout ce que je peux dire pour l’instant, mais vous en saurez plus dans la conclusion de ce post.
Bon, allez, j’arrête de parler et je vous montre plutôt à quoi ça ressemble.
Dimanche 12 Avril
Vol Bangkok – Yangon.
Contrairement à ce que la majorité des gens croient, Yangon n’est pas la capitale du Myanmar. La junte au pouvoir l’a déplacée à Naypyidaw depuis le 7 novembre 2005 et le changement est officiel depuis le 26 mars 2007.
Pascale et moi prenons un taxi pour rejoindre la centre ville quelques heures (on reprend un vol cet après midi).
Les voitures roulent à droite, mais notre taxi a aussi le volant à droite. Ici, la place du conducteur n’a pas d’importance. Je pense que c’est parce qu’ils importent tous leurs véhicules. Du coup, si ça vient de Chine, le volant est à gauche, si ça vient de Thaïlande, il est à droite, et on fait aussi bien avec l’un qu’avec l’autre !
On commence par changer de l’argent (1$ = 1040 kyats) au marché noir (dans une petite rue de Yangon, caché au 2ème étage d'un immeuble) puisqu’il est bien connu que les établissements officiels pratiquent des taux assassins.
Il faut faire attention car les changeurs sont très habiles et il est fréquent de se retrouver, de retour à l’hôtel, avec beaucoup moins de billets que ce qui a été compté : ils font apparemment des tours de passe-passe auxquels de nombreux touristes se font prendre. Il faut dire aussi que quand on change 1 billet de 100 $ on se retrouve avec plus de 100 billets, donc il est facile de s’emmêler les pinceaux.
Visite de la Paya Sule.
Cet après midi, on repart pour l’aéroport : on a décidé de s’épargner 15h de bus en prenant un avion Yangon-Bagan.
Dans le hall d’embarquement, les informations sont assez limitées : quel que soit le vol, on passe la même porte et l’écriteau indiquant la destination pour laquelle les passagers sont appelés est en myanmarais. On a un peu d’avance, mais il n’y a pas moyen de s’assurer que notre avion n’est pas déjà partit. On patiente et les portes finissent par s’ouvrir. A priori c’est pour nous car c’est l’heure à laquelle on devait embarquer.
Le vol dure 1h (pendant laquelle on est tellement secouées que je n’ose même pas prendre un verre d’eau de peur de le vomir !).
Aéroport de Mandalay. On est vraiment des boulets !!!
« Mais, euh… c’est pas Bagan ici ? »
« Non, c’est Mandalay »
On se regarde et on éclate de rire ! Faut quand même le faire !
On explique à un myanmarais notre problème et il nous informe que « Mandalay est juste une escale, l’avion repart pour Bagan après ». Ouf ! On est que des demi-boulets ! La navette repart donc illico presto en direction de l’avion, juste pour nous, et on remonte à bord sous le regard amusé des hôtesses et des autres passagers…
Re-1h de vol. Re-turbulences. On arrive à Bangan autour de 17h. Autant à Yangon on a été surprises par une chaleur ultra humide, autant la c’est sec de chez sec. Un bon 42°C qui assèche la gorge !
Petit déjà dans une maison à thé. Il y en a partout. On y boit des cafés et des thés délicieux (ils ressemblent aux thés/cafés indiens, avec du lait et beaucoup de sucres) accompagnés de beignets sucrés et de samosas sur des tables basses (on est assis sur des mini-tabourets).
Encore une fois on a de la chance : il n’y a personne. On est en basse saison touristique et en plus cette semaine c’est le Nouvel An myanmarais alors ce n’est pas la période préférée des tours organisés. J’avoue, heureusement qu’on vit au Laos sinon je crois qu’on aurait énormément souffert de la chaleur. Apres 1 an sous un climat tropical, j’ai la chair de poule dès que le thermomètre descend en dessous de 25 °C donc le corps d’habitue à la chaleur. Mais ça prend du temps, je me souviens en avoir bavé en Avril-Mai 2008 ! Bref, tout ça pour dire qu’en 2 jours plein à Bagan, on a vu 2 ou 3 blancs !
Le genre d’offrande qu’on ne ferait pas en France mais qui est très répandue ici… ( je ne sais pas si on voit grand-chose: qqn a mis une cigarette dans la bouche de la statue !)
Le rite de la cloche : on la fait sonner autant de fois que notre age. Ché pas ce que ça veut dire.
Patho Ananda
Site du nouveau palais royal.
Bupaya
Vue depuis ShwegugyiPascale et moi avec la Patho Thatbyinnyu en arrière plan.
Je lui ai demandé s’il est difficile, financièrement parlant, d’ouvrir une boutique. Elle m’a expliqué qu’il n’y a pas plus de taxes qu’ailleurs, mais le personnel du gouvernement passe quand bon lui semble pour réclamer de l’argent. Le montant et la fréquence varie imprévisiblement selon les années alors parfois il est difficile de garder la tête hors de l’eau. Elle ajoute « Ils organisent des fêtes pour eux-mêmes, avec l’argent du peuple ».
A 7h01, splaaach ! Un grand seau d’eau en pleine figure. Ici comme au Laos, le nouvel an est aussi la fête de l’eau et les gens s’arrosent en permanence 3 jours durant. On en a pâtit hier et on pensait être épargnées dans le train, mais c’était mal les épargnées ! Ca durera tout le trajet : 8 heures de bonheur !
On prend un trishaw pour y aller. C’est un vélo avec une sorte de side-car pour 2 personnes (dos à dos).
Arrivées au pied de la colline, on se farcit 30 minutes d’escaliers qui valent le coup ! Le paysage est superbe est c’est du 360° !
Départ à 8h. On a demande à Chit-chit de nous amener voir les anciennes cites royales autour de Mandalay dans son mini taxi jaune.
Enfin Maha Augmye Bonzan, un monastère en brique délaissé qui ne m’a pas du tout plu. Il faut dire qu’ils y avait des dizaines d’enfants qui jouaient à cache-cache, à trap’-trap’ ou au foot dedans, que ça criait de partout et que du coup ça perdait tout le charme d’un lieu de méditation paisible. La dernière capitale royale que l’on visite est Amarapura. Aujourd’hui ville moderne, elle est célèbre pour sa passerelle piétonnière en teck : le pont de U Bein est le plus long pont en teck du monde (1,2 km) et a été érigé en 1849.
Vendredi 17 Avril
La journée n’a pas été très productive ni digne d'un grand intérêt. Ce matin, on a passé 2 heures à essayer d’organiser un trek de 3j (dimanche-lundi-mardi et au départ de Kyauk Me - prononcer Tjiok Me).
Puis, visite du Palais Royal. L’endroit est assez décevant car vide. Seule la structure/les murs sont là, il n’y a plus aucun meuble à l’intérieur.
Cet aprèm on a perdu un temps fou à essayer de trouver des tickets de bus pour aller à Kyauk Me demain, tout ça pour finalement s’entendre dire qu’il n’y en a pas ces jours-ci, que toutes les compagnies stoppent pour la période du Nouvel An. On décide donc d’opter pour le train. Le guichetier refuse de nous donner les billets parce que les étrangers doivent payer en dollar et qu’on n’a que des kyats sur nous. La loose…
Ca ne me dérange pas d’aller chercher des dollars mais Pascale perd patience et s’énerve. Il vaut mieux qu’on prenne nos billets demain matin avant le départ et qu’on aille se balader pour lui changer les idées…
On part donc dans le Mandalay plus authentique à vélo.
Réveil a 3h50… Dur dur…
Le train Mandalay – Kyauk Me part à 4h45 et il nous faut acheter les billets avant. Ca se déroule sans problème et on monte dans le train 2 secondes avant qu’il démarre parce que l’horaire était en fait 4h35 et on n’avait pas compris ! Ouf !
Je finis ma nuit dans le, train allongée de tout mon long là où on met normalement les bagages (je pense que ça donnera des idées aux myanmarais pour leur prochain long voyage en train), et ne me réveille qu’à 9h45. Ca fait finalement une nuit de sommeil plus que correcte !
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